Daniel Havis, président du groupe Matmut, n’en fait plus mystère. Actionnaire à hauteur de 33,3% du réassureur MutRé, le groupe mutualiste cherche à vendre ses parts. En cause, selon le dirigeant de la mutuelle rouennaise : l’absence de perspectives de développement. «MutRé a été utile en son temps et a rendu service. Son développement ne peut guère se réaliser qu’en marchant sur les platebandes de Scor, l’un de ses actionnaires», souligne Daniel Havis.
Et d’ajouter : «N’observant plus d’intérêt à l’opération en termes d’outils techniques aux mutuelles, nous sommes vendeurs.» Problème : les acheteurs potentiels ne se bousculeraient pas.
Il est vrai que la composition même de la structure actionnariale du deuxième réassureur de personnes du marché français – 1/3 Matmut, 1/3 Scor Global Life et 1/3 bloc mutualité (1) – risque de freiner son expansion. MutRé peut, en effet, difficilement se développer sur ses marchés de prédilection que sont la santé, la prévoyance et la dépendance sans empiéter sur les terres de son actionnaire, le réassureur Scor.
Début 2014, Daniel Havis avait indiqué avoir échangé avec Denis Kessler sur une reprise à 100% de l’actionnariat par Scor. Le projet n’aura finalement pas dépassé le stade des discussions, le bloc mutualiste exprimant ouvertement ses réticences. Officieusement, des sources proches du dossier évoquent à l’Argus de l’assurance, «le peu d’appétence de Denis Kessler pour le dossier ainsi qu’une mésentente entre actionnaires sur le prix.»
En dépit de la position vendeuse de l’un de ses actionnaires, la direction générale de MutRé compte engager le chantier de la diversification de ses activités vers la prévoyance, dans le cadre de son plan stratégique 2015-2019.
Le réassureur, qui réalise plus de la moitié de son activité en santé, souhaite, dans la perspective de la généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés au 1er janvier 2016, accompagner la diversification des mutuelles et institutions de prévoyance (IP) : «Avec la montée en puissance de la collective, les mutuelles et IP auront la nécessité de se diversifier en prévoyance et dépendance, plutôt individuelle. C’est là où elles sont plus légitimes vis-à-vis de leurs adhérents. Ce qui permet de poursuivre notre propre démarche de diversification», souligne Didier Legrand, directeur général de MutRé.
(1) Le bloc mutualité se compose de 14 mutuelles unies se partageant un tiers du capital de MutRé et des droits de vote dont : la FNMF, La France Mutualiste, MGEN, Harmonie Mutuelle, Carac, Unéo, Mutlog, Mutlog garanties, Mutuelle Apréva, Adréa Mutuelle, MGEFI, Mutuelle Bleue, Mutuelle de France Prévoyance, MutRé Union.