Epuisement professionnel : l’organisation du travail mise en cause
 

Epuisement professionnel ou burn-out figurent aujourd’hui parmi les points noirs de la qualité de vie au travail. Christophe Dejours, spécialiste de la souffrance au travail, pointe du doigt les évolutions dans le management et les conditions d’une prévention efficace.
 

Alors que les problématiques de suicides et de burn-out interpellent le monde du travail, Christophe Dejours a livré récemment une intéressante analyse sur ces phénomènes devant les députés. Auditionné dans le cadre de la mission d’information sur l’épuisement professionnel, ce psychiatre, professeur au Cnam, a souligné qu’il ne s’agissait pas là d’un phénomène nouveau, fortement présent au 19ème – mais qu’il provoquait aujourd’hui des conséquences graves et préoccupantes : « L’épuisement professionnel peut conduire au suicide. »


La perte de sens du travail


De fait, alors que cet état renvoyait hier à un épuisement physique, il s’apparente aujourd’hui davantage à un surmenage, « une invasion de la pensée par les préoccupations et contraintes du travail, pendant et hors du travail ». Et si Christophe Dejours n’entend pas sous-estimer le rôle des nouvelles technologies de l’information (ordinateur portable, téléphone …), le plus important à ses yeux résident dans le sentiment d’échec malgré les efforts consentis et dans la perte de sens du travail : « Tant que le salarié a la conviction que l’effort consenti a un sens, une signification sociale, la résistance à la surcharge psychique et physique est incroyable, sinon la situation devient très dangereuse. »


Seul face à la surcharge de travail


Et à ce titre, ce spécialiste de la souffrance au travail met clairement en cause l’évolution du management, une mutation profonde qui va bien au-delà de nos frontières : « La gouvernance par les nombres. » « Le manager ne veut que des chiffres » , relève Christophe Dejours, avec pour conséquence , un salarié qui en cas de difficultés ne peut plus trouver d’aide auprès de son encadrement, et difficilement  auprès de ses collègues dans la mesure où des dispositifs comme l’évaluation individuelle exacerbe la concurrence interne : « Chacun est seul face à la surcharge de travail » Et au regard de ces évolutions lourdes, « la prévention c’est fondamentalement la coopération », insiste Christophe Dejours : « Il faut recomposer les conditions d’une coopération. »


Retrouvez l'intégralité de l'audition de Christophe Dejours à l'Assemblée nationale
 



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