La Matmut se dote de son propre fonds d'investissement et accélère dans le big data

Le fonds d'investissement Sferen Innovation, jusqu'alors détenu par la Matmut et la Macif, appartient désormais uniquement au groupe normand et devient Matmut Innovation. A côté de ce véhicule d'investissement, l'assureur a également mis sur pied un "Lab data" pour exploiter davantage le big data. 

En 2015, la Matmut s'était associée à La Macif pour monter un véhicule d'investissement de 15 millions d'euros, baptisé Sferen Innovation. Objectif : investir dans des start-up pouvant jouer un rôle sur toute la chaîne de valeur des métiers de l'assurance. Pour des raisons stratégiques, le groupe mutualiste normand a décidé de se doter de son propre fonds et a ainsi repris à 100% la filiale Sferen Innovation, désormais baptisée Matmut Innovation. "L'assuré a besoin de plus de services autour de l'assurance, à commencer par l'assistance. L'objectif est d'identifier de nouveaux services afin d'améliorer cette couverture", explique Maud Duval, directrice générale adjointe en charge de l'organisation et des systèmes d'information et directrice générale de Matmut Innovation.

 

Six investissements dans des start-up

Cette récente restructuration s'accompagne d'une nouvelle opération en capital-risque : un investissement dans Batiweb, qui édite notamment une plate-forme de mise en relation entre les particuliers et les professionnels pour la réalisation de travaux dans l'habitat. Précédemment, la Matmut avait investi dans cinq autres start-up œuvrant dans des domaines très variés, allant du big data (avec Tellmeplus et ses algorithmes prédictifs, ainsi que Saagie qui édite une plate-forme d'outils pour la gestion des données) aux services financiers (avec Lendix, une plate-forme de prêts pour les PME), en passant par l'automobile (avec Carizy pour la vente de véhicules d'occasion) et les biens mobiliers (avec Cbien, qui permet de conserver un justificatif des biens et de les fournir en cas de sinistre)

 

Pour ses investissements en capital-risque, la Matmut privilégie des jeunes entreprises encore en phase d'amorçage. "Nous préférons nous positionner sur des start-up en early stage. Cela nous permet de développer le produit ensemble. C'est le cas, par exemple, de Carizy qui n'était implantée qu'en Ile-de-France et dont nous avons participé au déploiement national. C'est aussi intéressant pour nos équipes en interne de participer à ce genre d'expérience", commente Maud Duval.

 

La donnée au coeur du métier d'assureur

Pour l'heure, le groupe n'envisage pas de réaliser des acquisitions et entend se concentrer sur les start-up tricolores. Quant à la mise en place d'un incubateur, Matmut préfère ne pas monter sa propre structure mais soutenir les dispositifs déjà existants. Le groupe est ainsi partenaire d'un pôle d'excellence situé à Caen, consacré à l'e-santé. Une thématique étudiée avec attention, notamment dans le cadre de futurs investissements.

 

L'autre préoccupation de la Matmut, c'est la data. "La donnée a toujours été un élément fort chez les assureurs. Ils se sont toujours échangé beaucoup de données, notamment en matière de gestion de sinistre. Ce qui est nouveau, c'est la multitude des données et la nécessité d'aller vite pour répondre aux demandes des assurés et leur offrir le meilleur service",  explique Maud Duval.

 

Un "Lab data" pour gagner en flexibilité

Pour répondre à cet enjeu et gagner en flexibilité, le groupe normand a mis sur pied en juin 2016 un Lab Data, en étroite collaboration avec la start-up rouennaise Saagie. L'objectif est de passer dans une approche plus flexible afin de pouvoir exploiter les big data. "Historiquement, nous avions des entrepôts de données, dédiés à différents domaines : les contrats, les sinistres, etc. Aujourd'hui, il y a une réelle volonté de partager ces données et d'avoir des outils plus souples pour les analyser. C'est ce que permet la plate-forme de Saagie", assure la chef des systèmes d'information. Cette approche permet non seulement d'avoir une connaissance plus fine des sociétaires, mais aussi de traiter de nouvelles données externes à l'entreprise, comme l'accidentologie et les informations de météo par exemple.

 

Pour l'heure, une dizaine de personnes est rassemblée autour de ce Lab Data. "Nous sommes en mode pilote pour certains cas d'usage. L'objectif est de mettre en relation les données, de faire monter en compétence les équipes internes du groupe et, à terme, que cela devienne une plate-forme de traitement de données de référence ".

 

Des travaux sur la blockchain

Pour faciliter les échanges des données, la Matmut mène également des travaux sur la blockchain. "C'est une innovation qui va impacter nos métiers, nos relations avec les assurés et avec les assureurs", conclut Maud Duval.


Usine digitale.fr 09/05/17




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