Les grands chantiers de la Matmut
 
Dans un monde de l'assurance en pleine ébullition, la Matmut vit un moment important de son histoire. Le groupe rouennais - qui a présente un chiffre d'affaires en hausse de 2,8 % sur l'exercice 2013, à 1,86 milliard d'euros, pour un résultat net en progression de 36 %, à 57 millions d'euros - est engagé dans des rapprochements majeurs.
Une croissance compensée par la charge de sinistres, qui a progressé en 2013 de 3,5%. La sinistralité corporelle a été limitée, mais la sinistralité climatique est restée forte, sans compter l’impact de la prise en charge de la revalorisation des rentes auto pour un montant de 39 M€. A l’arrivée, le ratio combiné se dégrade légèrement de 100,3% en 2012 à 100,6% en 2013.

Un déséquilibre technique qui n’a pas empêché la Matmut d’annoncer, à l’instar de ce qu’avait entrepris la Maif l’an dernier, qu’elle n’augmenterait pas ses tarifs auto et habitation au 1er janvier 2015. Une sorte de réplique à la loi Hamon sur la résiliation infra-annuelle des contrats d'assurance auto et habitation.

Cette croissance modeste en assurance tranche avec la solidité financière affichée par le groupe au cours de l’exercice. Et pour cause : le résultat net combiné est ressorti à 57,248 M€ en hausse de 36,5% tandis que le résultat financier s’est adjugé 21% à 138 M€, porté par l’évolution de marchés financiers et une augmentation des actifs sous gestion. En conséquence de quoi, les plus-values latentes atteignent 412 M€ en 2013 (+85 M€).
Cette performance financière permet au groupe de renforcer ses fonds propres à 1,135 Md€ contre 1,077 Md€ en 2012. Concernant la solvabilité, l’exigence de marge combinée est couverte à 4,4 fois en 2013 contre 4,2 fois en 2012. Hors plus-values latentes, la marge est couverte 3,3 fois en 2013 contre 3,2 en 2012.
 
Vers une intégration d’Ociane d’ici 2017
 
Matmut veut également renforcer sa présence, encore modeste, sur le marché de la complémentaire santé et de la prévoyance. En prévoyance, cette volonté s’est traduite en 2013 par l’entrée de Matmut Mutualité à hauteur de 4% au capital de Mutex, société mutualiste spécialisée dans les solutions de prévoyance, de santé et d'épargne, individuelles ou collectives. En santé, comme annoncé en décembre dernier, Matmut finalise actuellement un accord avec la mutuelle Ociane (204 M€ de CA en 2012 pour 410000 personnes protégées) en vue de créer dans les prochaines semaines une Union de groupe mutualiste (UGM), première étape du rapprochement.
 
A terme, Ociane devrait intégrer définitivement Matmut au plus tard le 1er janvier 2017, date butoir fixée par les présidents respectifs des deux entités, Mikel de Rezola et Daniel Havis. Cette opération permettra à Matmut de compter un peu plus de 550 000 bénéficiaires dans son portefeuille santé, contre environ130 000 aujourd’hui. L’UGM travaillera en priorité sur la réalisation d’une offre d’assurance santé collective à destination des TPE et PME.
 
L’aventure MutRé se poursuit sans développement
 
Sur le dossier MutRé, le réassureur du monde mutualiste détenu à proportion identique de 33,3% par Scor, la Matmut et 12 mutuelles adhérentes de la FNMF, Daniel Havis a indiqué que la structure «pourra rendre service encore quelques années, mais elle ne connaîtra plus de développement, car elle n’aura pas les capitaux ni le souffle suffisant.» Et d’ajouter : «L’ensemble marche mais ne distribue pas de dividendes. Ce qui est révélateur d’un manque de vision à moyen terme.» Une trajectoire bien différente de celle envisagée en début d’année par le président de la Matmut, disposé à se séparer de ses actions.
 
«J’ai eu un échange avec Denis Kessler sur une reprise à 100% par Scor. Cela pouvait m’intéresser, mais compte-tenu de l’absence d’enthousiasme des mutualistes, nous allons rester», précise-t-il. D’autant qu’une intégration de MutRé dans Scor avait tout son sens. Et pour cause : MutRé, en tant que deuxième réassureur de personnes du marché français (365 M€ de chiffre d’affaires en 2012), peut difficilement se développer dans ses domaines de prédilection (santé, prévoyance et dépendance) sans empiéter sur les terres de son actionnaire (et concurrent) Scor.
 
Contrat euro-croissance : « anticiper par le mépris »
 
A la différence de Covéa, qui a d’ores-et-déjà confirmé qu’elle ne présenterait pas d’offre euro-croissance, Daniel Havis indique, de son côté, «anticiper par le mépris» son arrivée. En d’autres termes, pas question pour le groupe de «former ses réseaux pour les vendre tant il devient compliqué de diffuser des produits plus bancaires qu’assurantiels.» La solution devrait se trouver par des apports de clientèle en provenance d’autres maisons.
 
Sferen : accélérer le processus au cours du 2ème semestre 2014
 
Alors que la Maif va quitter Sferen, la société de groupe d'assurance mutuelle qu'elle avait formée avec la Macif et la Matmut, ces deux dernières veulent continuer l'aventure ensemble. Ce qui signifie « aller vers plus d'intégration opérationnelle entre nos deux maisons », résume Daniel Havis, le PDG de la Matmut
La Matmut a pris acte des intentions de la Maif de quitter la Sgam, alors que 94% des délégués sociétaires ont voté en faveur de ce retrait en mai dernier. Une page que Daniel Havis veut très vite tourner pour se consacrer au rapprochement avec la Macif : «Sur les métiers d’assurance, tout ou presque doit être écrit entre nos deux maisons dans un tout autre esprit. Une accélération significative sera portée au cours du deuxième semestre.». « Nous avons aussi à réenvisager complètement la gouvernance de Sferen », ajoute-t-il.
 
Rapprochement Matmut Vie/Macif en cours

La Macif et la Matmut ont déjà uni leurs forces dans Inter Mutuelles Entreprises, une structure dédiée à l'assurance de dommages aux biens et de responsabilité civile pour les professionnels et les entreprises.
Les synergies devraient se poursuivre entre Macif et Matmut sur d’autres marchés communs dont la vie. Le projet de cession du portefeuille vie de Matmut à Maif, un temps envisagé avant que la mutuelle des instituteurs n’envisage de sortir de Sferen, étant enterré, Matmut s’est donc naturellement tourné vers son autre partenaire de la Sgam. Les discussions se sont engagées sur les détails techniques entre Matmut Vie (110 000 contrats, croissance de la collecte de 14% en 2013) et Macif. Seule précision : « Dès que ce sera possible, nous ferons basculer la production de Matmut Vie vers Mutavie [la filiale d'assurance-vie de la Macif]. Cette opération se fera sans transfert de portefeuille ». Nous nous retrouvons avec les mêmes opérateurs en matière de gestion financière au niveau du groupe OFI», précise Daniel Havis.

 



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