Jean-Philippe Huchet (Pass) : «Le mouvement mutualiste doit participer à la mondialisation de la protection sociale»


Président de l’Association internationale de la mutualité (AIM) depuis 2011, Jean Philippe Huchet a mis un terme à ses fonctions. Depuis le mois de septembre, il a pris la direction du programme d’appui au développement des stratégies mutualistes de santé (Pass) dans l’Union économique et monétaire des pays d’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Or, figurent parmi les partenaires financiers annoncés du Pass de grands noms français de la mutualité, comme la MGEN, la MNT, Unéo ou encore la Matmut. Pour l’Argus de l’assurance, il revient sur la genèse de ce projet et sur ses enjeux.

Comment est né le programme Pass et quels sont les objectifs poursuivis?

Dans une période de mondialisation, seuls les modèles dominants ont un avenir. En Afrique comme ailleurs, les citoyens ont le droit d’avoir le choix pour leur santé  entre des assureurs privés, déjà très présents sur le continent africain, et des mutuelles. D’autant plus qu’en novembre 2013, l’association internationale de la sécurité sociale (AISS) a adopté un rapport qui démontre que les mutuelles sont des outils efficaces pour l’extension de la protection sociale dans le monde. C’est justement une priorité des pays de la zone UEMOA où plusieurs lois sont en préparation afin de mettre en place des régimes de sécurité sociale. Le contexte est donc favorable pour le mouvement mutualiste. Le programme Pass poursuit deux objectifs : d’une part, appuyer le développement du modèle mutualiste africain en aidant les mutuelles à se structurer, notamment par des actions de formation, d’autre part encourager, à travers les  partenariats techniques et financiers, les mutuelles européennes à investir dans de nouveaux territoires .

Pass est doté d’un budget annuel de 450 000 €. Qui sont ses partenaires financiers ?

Le tour de table est quasiment constitué. Un accord définitif avec tous les partenaires sera signé au cours de la semaine du 17 novembre. Nous avons réussi à convaincre des partenaires d’horizons différents mais qui ont tous une légitimité par rapport au projet et aux cibles visées. Ainsi, on peut citer la FNMF, la MGEN, Uneo (qui est le regroupement des mutuelles militaires), MGefi (la mutuelle des ministères Economique et Financier), la MNT (mutuelle de la fonction publique territoriale), la Matmut et la Casden, coopérative bancaire. Il ne s’agit pas, pour ces partenaires, uniquement d’apporter leur soutien financier, mais il est également question d’investir avec des partenaires africains à plus long terme dans le développement d’activités comme les réseaux de centres de santé ou d’optique, par exemple, ou encore les produits additionnels d’assurance ou de crédit, afin d’accompagner l’émergence d’une classe moyenne africaine qui aspire à mieux vivre.

Concrètement, comment le programme Pass va fonctionner ?

Dans le passé, d’autres initiatives pour le développement du modèle mutualiste en Afrique ont eu lieu et sont restées sans suite quand les financements ont cessé. Ce n’est pas la démarche du programme Pass qui, sans imposer de décision, doit fonctionner comme une assistance à maîtrise d’ouvrage auprès des mutuelles. Pass est financé par des acteurs mutualistes français durant ses six premières années. Par la suite, le programme fera l’objet d’un désengagement progressif de la part de ses partenaires financiers pour devenir, au bout de neuf ans, une plate-forme technique autofinancée intégrée à l’Union africaine de la mutualité (UAM). Pass interviendra uniquement dans la zone de l’UEMOA qui s’est d’ailleurs dotée d’un règlement mutualiste commun. Dès le mois de septembre, Pass entrera dans une phase de préfiguration à Abidjan en Côte d’Ivoire, pour être opérationnel le 1er janvier 2015.
 

Propos recueillis par Marie Cadoux  - L'Argus de l'assurance le



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